top of page
Rechercher

L’initiative “30 par 30” de l’UICN : Protéger 30 % de la planète d’ici 2030

  • Photo du rédacteur: Natasha Dudek
    Natasha Dudek
  • 8 nov. 2024
  • 5 min de lecture

ree

Au cours des dernières années, la communauté environnementale mondiale s’est rassemblée autour de l’un des objectifs de conservation les plus ambitieux de l’histoire : l’initiative “30 par 30”. Cette initiative internationale fait partie du Cadre mondial pour la biodiversité, dirigé par la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB) et soutenu par un large éventail de gouvernements (dont celui du Canada et de plus de 100 autres pays), d’organisations et de scientifiques. Elle vise à protéger 30 % des terres et des zones marines de la Terre d’ici 2030. L’initiative est perçue comme une étape cruciale pour faire face aux crises jumelles de la perte de biodiversité et des changements climatiques, et elle est sur le point de transformer notre vision de la conservation de la nature à l’échelle mondiale.


Pourquoi 30 % ?

L’urgence derrière l’objectif “30 par 30” découle de la reconnaissance croissante que les écosystèmes de la Terre sont gravement menacés. Les espèces disparaissent à des taux sans précédent, avec des estimations suggérant que nous perdons des espèces 1 000 fois plus vite que le taux naturel d’extinction. Cette tendance alarmante a de graves répercussions, non seulement pour la biodiversité, mais aussi pour les services écosystémiques dont dépend toute vie sur Terre—comme l’air pur, l’eau douce, la pollinisation et la régulation du climat.

La recherche scientifique suggère que la protection d’au moins 30 % des écosystèmes les plus vitaux de la planète est nécessaire pour ralentir cette perte de biodiversité. Selon les experts en conservation, ce niveau de protection est le minimum requis pour maintenir la santé et la résilience des systèmes naturels. Actuellement, seulement environ 15 % des terres et 8 % des océans bénéficient d’une certaine forme de protection. Doubler ces chiffres en seulement une décennie est un défi colossal, mais essentiel pour prévenir la dégradation des écosystèmes et préserver la biodiversité qui soutient la vie.


Le rôle des aires protégées

Les aires protégées—parcs nationaux, réserves naturelles, zones marines protégées et territoires gérés par les peuples autochtones—sont au cœur de l’initiative “30 par 30”. Ces zones servent de sanctuaires pour la faune, offrant des refuges où les écosystèmes peuvent fonctionner sans les pressions des activités humaines telles que la déforestation, la surpêche ou la pollution industrielle. En plus de fournir un refuge pour les espèces, les aires protégées jouent un rôle crucial dans l’atténuation des changements climatiques. Par exemple, les forêts et les zones humides agissent comme des puits de carbone, absorbant le dioxyde de carbone de l’atmosphère et contribuant à la régulation du climat.

L’initiative “30 par 30” de l’UICN encourage l’expansion de ces aires protégées, avec un accent particulier sur les points chauds de biodiversité—régions abritant une concentration élevée d’espèces uniques et menacées. Cependant, il ne s’agit pas seulement d’augmenter le nombre d’aires protégées. L’initiative met également l’accent sur la qualité de la protection. Il ne suffit pas de désigner une zone comme “protégée” si cette protection n’est pas appliquée ou si la gestion de la zone est inadéquate. Une gouvernance efficace, un financement adéquat et une implication communautaire sont tous essentiels pour que ces zones réalisent leur potentiel de conservation.


Travailler avec les communautés autochtones et locales

Un élément clé de l’initiative “30 par 30” est l’accent mis sur les communautés autochtones et locales. De nombreuses régions de la planète riches en biodiversité chevauchent des terres traditionnellement gérées par les peuples autochtones. Ces communautés ont souvent des liens culturels et spirituels profonds avec la terre et ont été les gardiens de ces écosystèmes pendant des générations. Leurs connaissances et pratiques traditionnelles ont contribué de manière significative à la conservation de la biodiversité, souvent de manières que les stratégies de conservation modernes commencent tout juste à comprendre.

L’initiative encourage la collaboration avec les communautés autochtones et locales pour garantir que les efforts de conservation soient non seulement efficaces, mais aussi équitables. Cela signifie reconnaître les droits fonciers des autochtones et impliquer ces communautés dans les processus décisionnels concernant l’utilisation et la gestion des terres. En intégrant les connaissances traditionnelles à la science moderne de la conservation, l’initiative “30 par 30” vise à créer une approche plus inclusive et durable de la protection de la nature.


Changements climatiques et “30 par 30”

Au-delà de la biodiversité, l’initiative “30 par 30” est également cruciale pour lutter contre les changements climatiques. Les écosystèmes naturels jouent un rôle clé dans la régulation du climat en absorbant et stockant le carbone. Les forêts, les tourbières et les océans, par exemple, agissent comme des puits de carbone, capturant le dioxyde de carbone de l’atmosphère et aidant à compenser les émissions d’origine humaine. La protection de ces écosystèmes permet non seulement de réduire la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais aussi d’augmenter la résilience de la planète aux impacts des changements climatiques.


Cependant, si ces écosystèmes sont dégradés ou détruits—par la déforestation, la conversion des terres ou la pollution marine—ils peuvent devenir des sources d’émissions de carbone, aggravant le réchauffement climatique. C’est pourquoi la protection des écosystèmes riches en carbone, comme les forêts tropicales et les tourbières, est une priorité dans le cadre de l’initiative “30 par 30”. En empêchant la destruction de ces écosystèmes, nous pouvons éviter la libération du carbone stocké et continuer à bénéficier de leurs services de régulation climatique.


Défis

Bien que l’initiative “30 par 30” soit une avancée essentielle, atteindre ses objectifs ne sera pas facile. L’expansion des aires protégées à l’échelle requise rencontrera de nombreux défis, tels que la résistance politique, les pressions économiques, et les questions d’utilisation des terres et de droits communautaires. Dans de nombreuses régions, les terres qui pourraient être désignées pour la protection sont déjà utilisées pour l’agriculture, l’exploitation minière ou le développement, créant des conflits entre les objectifs de conservation et les intérêts économiques.

Le financement est un autre obstacle majeur. Protéger et gérer les terres et les zones marines nécessite des ressources financières importantes. La coopération internationale, ainsi que les financements publics et privés, seront cruciaux pour surmonter ces défis financiers.


Un objectif plus vaste : 50 % d’ici 2050

L’initiative “30 par 30” est perçue comme une étape vers un objectif encore plus ambitieux : protéger 50 % de la planète d’ici 2050. Les scientifiques estiment que la moitié des écosystèmes de la Terre doivent rester intacts pour maintenir la biodiversité mondiale et les services écosystémiques. Bien que “30 par 30” soit un point de départ crucial, il s’agit juste du début d’une vision plus large pour la santé planétaire.


La voie à suivre

Protéger 30 % des terres et des environnements marins de la planète d’ici 2030 est un appel urgent à l’action, nécessitant des engagements audacieux de la part des gouvernements, des entreprises et des individus. Il ne s’agit pas seulement de sauver des espèces—il s’agit d’assurer un avenir vivable pour toute vie sur Terre.


Pour en savoir plus :

 
 

©2024 par le Projet de conservation de la nature de Montréal

  • LinkedIn
  • Facebook
  • Twitter
bottom of page